GURAN, CROATIE

Guran: Projet archéologique en Istrie, Croatie

Campagne Finale 2012
La mission archéologique suisse en Croatie mène des recherches annuelles en Istrie depuis 2002 en collaboration avec l’Université de Zagreb. La campagne 2012 s’est déroulée du 27 août au 29 septembre et elle marque la fin de cette entreprise scientifique. Au terme de ces travaux, il convenait de poursuivre une dernière étape d’investigations au sein de l’ancienne agglomération de Guran et de finaliser le projet de restauration et de conservation des vestiges mis au jour au fil des fouilles archéologiques.

Au cours de ces dernières années, nous avons obtenu une vision détaillée du front nord de l’ancienne agglomération de Guran avec le dégagement d’un vaste pan de son enceinte et la fouille d’une grande surface localisée à proximité qui nous a permis de saisir l’évolution de l’occupation de l’espace entre le 9e siècle et le 14e siècle avec une réorganisation et une densification du tissu bâti.

En 2012, nous avons poursuivi nos travaux dans la zone située plus à l’intérieur de l’ancienne agglomération au sein de laquelle nous avons mis en évidence une construction organisée selon deux ailes perpendiculaires à l’instar de celle découverte au nord (fig. 1). Il semble bien que nous soyons en présence d’un type d’architecture correspondant à une unité domestique comprenant un espace de vie avec foyer associé à une grange et une écurie.

Nous avons finalement ouvert une nouvelle surface importante que nous avons localisée au centre de l’ancienne agglomération. Cette ultime intervention nous a offert une vision différente en mettant au jour un ensemble de constructions organisées autour d’une espace central correspondant à une cour pavée ouvrant sur une voie de circulation (fig. 2). La céramique récupérée dans les niveaux d’abandon, que l’on peut situer vers le 14e siècle, est plus fine et présente une plus grande variété de décors que celle découverte jusqu’à présent. Ces observations semblent indiquer la présence d’une population privilégiée au centre d’une agglomération constituée d’unités agricoles dispersées alentour, dans le périmètre de l’enceinte.

En ce qui concerne les travaux de restauration et de conservation, nous avons traité la partie de l’enceinte de l’ancienne agglomération comprenant la porte monumentale ainsi que le bâtiment situé à proximité (fig. 3). Les autres structures ont été remblayées afin de les protéger. Nous avons également complété la présentation de la grande basilique localisée au nord de l’ancienne agglomération en restaurant les vestiges de l’annexe sud, du clocher ainsi que les murs de terrasse prolongeant la façade nord du sanctuaire (fig. 4). Sur le site de l’église Sainte-Cécile, après avoir entrepris quelques observations complémentaires dans le but de bien préciser la datation de la première église, nous avons ouvert un chantier de restauration de grande envergure (fig. 5). Le pavement des absides et du presbyterium ainsi que les bases des autels ont été reposés. Tous les murs de l’église intégrant également ceux de son annexe occidentale ont ensuite été restaurés permettant la découverte de nouveaux blocs sculptés appartenant aux aménagements liturgiques carolingiens. Nous avons finalement remblayé toutes les zones dégagées autour de l’église qui avaient permis de préciser l’organisation de l’établissement antique au sein duquel fut fondée la première église dans le courant du VIe siècle (fig. 6).

Durant les derniers jours de la campagne, nous avons eu le privilège de recevoir la visite du professeur Charles Bonnet et une réception dans le petit musée consacré à nos travaux a été organisée par la municipalité de Vodnjan qui a ainsi pu témoigner une nouvelle fois sa reconnaissance envers l’engagement de la SLSA, en présence du président de sa commission scientifique. Alors que cette entreprise touche à sa fin, il restera à prévoir la réalisation des synthèses monographiques au cours de ces prochaines années suite à la publication de près de 40 articles parus régulièrement dans diverses revues scientifiques au fur et à mesure de l’avancement de nos recherches.

Kontakt:
Université de Genève
Faculté des Lettres
Section de philosophie et d’histoire
Département des sciences de l’antiquité
Rue du Puits-Saint-Pierre 4
1204 Genève

jean.terrier@etat.ge.ch

Fig. 1: Une construction organisée selon deux ailes.

Fig. 2: Un ensemble de constructions organisées autour d’une espace central correspondant à une cour pavée ouvrant sur une voie de circulation.

Fig. 3. La partie de l’enceinte de l’ancienne agglomération comprenant la porte monumentale.

Fig. 4. La façade nord de la grande basilique localisée au nord de l’ancienne agglomération.

Campagne 2011
La mission archéologique suisse en Croatie mène des recherches annuelles en Istrie depuis 2002 en collaboration avec l’Université de Zagreb. La campagne 2011 s’est déroulée du 20 août au 25 septembre et les travaux ont consisté à poursuivre les fouilles de l’église Sainte-Cécile et de l’ancienne agglomération médiévale de Guran. Au cours de ces dernières années, le dégagement des ruines de l’église Sainte-Cécile et les investigations menées dans son environnement immédiat avaient mis au jour les vestiges d’un établissement antique dont une partie des élévations était encore conservée dans le mur nord de l’église. Au cours de la campagne 2011, nous avons déposé le pavement de sol conservé à l’intérieur de l’église (fig. 1).

La fouille de cette zone ainsi dégagée a révélé une grande richesse de structures qui a permis de restituer au moins six phases architecturales ayant précédé la construction de l’église actuelle (fig. 2). Les résultats des analyses radiocarbone en cours fourniront les datations nécessaires à l’établissement de la chronologie de cet ensemble exceptionnel qui constitue un cas unique dans le contexte des églises rurales de l’Istrie. Le front nord de l’ancienne agglomération médiévale de Guran, avec son enceinte et une importante série de constructions, a été étudié durant plusieurs années. Les résultats obtenus à partir de ces recherches attestent une occupation continue de la période carolingienne jusqu’à la fin du Moyen Âge. Cette année, nous avons ouvert une nouvelle zone située au centre de l’agglomération où nous avons mis au jour une unité d’habitation comprenant trois pièces distribuées selon deux ailes perpendiculaires (fig. 3). L’abandon de ces constructions peut être daté de la fin du Moyen Âge. La poursuite des recherches en 2012 devra nous permettre d’aborder les phases plus anciennes qui sont à l’origine de cet ensemble.

Fig. 3. Guran. L’unité d’habitation comprenant trois pièces mise au jour au centre de l’agglomération.

Vue aérienne du territoire de Guran avec la localisation des sites étudiés.

Les structures d’habitat de l’ancienne agglomération de Guran mises au jour lors de la dernière campagne de fouilles.

Plan schématique du front nord de l’ancienne agglomération de Guran avec le relevé détaillé des structures d’habitat et leur chronologie relative s’échelonnant entre le IXe et le XIVe siècle.

Campagne 2010
Les fouilles entreprises en 2010 correspondent à la neuvième campagne de recherches effectuées sur les sites de Guran et Sainte-Cécile localisés au sud de l’Istrie, dans un contexte rural. Ces travaux scientifiques visent à comprendre leur origine ainsi que leur développement. Il s’agit d’une étude de longue haleine nécessitant des investigations tant sur les églises que sur les agglomérations qui leur sont liées.

La grande basilique chrétienne, l’église Saint-Simon et le front nord de l’ancienne agglomération de Guran ont été entièrement dégagés au cours de ces dernières années. Un ensemble de bâtiments attenant à la fortification a été mis au jour au sein de l’agglomération et, parmi ces constructions, nous avons pu identifier une unité agricole comprenant deux ailes délimitant une cour qui subira plusieurs transformations. C’est dans la partie sud du corps de logis et dans la cour que nous avons centré nos recherches durant la dernière campagne de fouilles. Ces travaux ont permis la découverte d’un ensemble antérieur dont nous avons retrouvé le mur de terrasse le délimitant au nord ainsi que la façade septentrionale d’une construction lui appartenant. Ces nouveaux éléments viennent alimenter la chronologie relative de l’ancienne agglomération de Guran qui présente à ce jour huit phases de développement s’échelonnant entre le IXe siècle et le XIVe siècle.

Au cours de cette campagne, nous avons étendu le champ de nos investigations à l’extérieur et dans l’environnement immédiat de l’église Sainte-Cécile afin de compléter notre documentation sur l’établissement antique qui a précédé la fondation du sanctuaire chrétien et de préciser les différentes phases architecturales de ce dernier. Les constructions correspondant à l’établissement antique s’étendent au nord, au sud et à l’est de l’église actuelle. Le matériel archéologique associé atteste une occupation depuis la période augustéenne tardive jusqu’à l’époque justinienne. C’est dans le courant du VIe siècle que de profondes transformations architecturales sont réalisées, certaines parties des bâtiments étant utilisées pour des activités artisanales principalement liées à la métallurgie. Une première église est sans doute édifiée dès cette période, ses élévations réutilisant une partie des maçonneries des constructions antiques. Sans avoir encore entamé les fouilles à l’intérieur de l’église actuelle, les découvertes réalisées sur son pourtour extérieur ont déjà permis d’identifier au moins quatre phases architecturales dont les plus récentes sont dotées d’une annexe occidentale ayant conservé son pavement d’origine.

Les résultats obtenus à ce jour sont très prometteurs car ils mettent en évidence une différence fondamentale dans la genèse de ces deux sites. Sainte-Cécile trouve ses origines au sein d’un établissement antique alors que Guran correspond à une nouvelle fondation sans doute issue du pouvoir carolingien. La poursuite de ces recherches devra permettre de bien comprendre les processus qui ont abouti à l’occupation de ce territoire tout en fournissant un cadre de référence qui fait entièrement défaut à l’heure actuelle en contexte rural; les études s’étant limitées au sites prestigieux de la côte adriatique.

Les foyers installés au VIe siècle au sein de l’établissement antique qui subit alors de profondes transformations.

L’annexe dégagée devant la façade occidentale de l’église Sainte-Cécile avec son pavement de dalles de calcaire.

L’ancienne agglomération de Guran: Vue depuis l’est sur l’ensemble des bâtiments adossés contre le mur d’enceinte et limités par une ruelle pavée de petits galet visible sur le bas du cliché.

Vue depuis l’ouest sur l’ensemble des bâtiments mis au jour à l’intérieur de l’enceinte.

Campagne 2009
La mission archéologique suisse en Croatie poursuit ses recherches en Istrie depuis plusieurs années en collaboration avec l’Université de Zagreb. La campagne 2009 s’est déroulée pendant cinq semaines du 22 août au 26 septembre et les travaux ont permis de poursuivre les fouilles de l’ancienne agglomération de Guran  et celles de l’église Sainte-Cécile. Cette année, un effort particulier a été porté sur la restauration définitive de l’église Saint-Simon dont les ultimes investigations archéologiques furent réalisées en 2008. Enfin, un musée a été inauguré au printemps 2009 dans la ville proche de Vodnjan où une salle est entièrement consacrée aux découvertes réalisées par notre mission.

Selon l’état actuel des recherches entreprises, l’ancienne agglomération de Guran semble être fondée à l’époque carolingienne et elle se développera jusqu’à la fin du Moyen Age, époque à laquelle elle sera finalement désertée. Les fouilles de cette année ont mis au jour un ensemble de constructions correspondant sans doute à une unité d’habitation installée contre l’enceinte, dans la partie nord de l’agglomération. Aujourd’hui, les vestiges dégagés permettent d’établir une chronologie relative avec au moins six phases architecturales témoignant de l’évolution de cet ensemble au cours des siècles.

L’église Sainte-Cécile
Localisée à près de 500 mètres au nord-ouest de l’ancienne agglomération de Guran, l’église médiévale de Sainte-Cécile, sanctuaire éponyme du hameau situé à proximité, est édifiée sur l’emplacement d’un établissement antique. L’extension des fouilles au nord et à l’ouest de l’église ont permis de préciser l’organisation et la chronologie des phases d’occupation antérieures et contemporaines de l’édifice chrétien. Il semble que l’on se trouve sur l’emplacement de la pars rustica d’une villa édifiée durant la période augustéenne si l’on se réfère au matériel céramique trouvé en périphérie des bâtiments. L’intérêt du site réside dans la présence d’un niveau d’occupation de l’Antiquité tardive (Ve-VIe siècle) correspondant à d’importantes transformations architecturales, une pièce étant entièrement consacrée à des activités artisanales. La découverte, devant la façade occidentale de l’église, d’un grand bâtiment implanté dans les niveaux justiniens et réutilisant une partie des murs antiques laisse entrevoir la possibilité d’étudier la continuité de l’occupation durant le haut Moyen Age.

L’église Saint-Simon
Cette année, le site de l’église Saint-Simon a fait l’objet d’une restauration complète tenant compte des résultats obtenus lors des campagnes de fouilles précédentes. C’est non seulement l’église actuelle avec ses phases antérieures et ses annexes qui ont fait l’objet de travaux de conservation et de mise en valeur, mais également les anciennes voies d’accès et l’environnement de l’édifice. Il s’agit d’une première étape dans la réalisation du parcours archéologique qu’il s’agira de mettre en place sur l’ensemble des sites étudiés dans le cadre de notre mission.

Le musée de Vodnjan
La municipalité de Vodnjan, commune sur le territoire de laquelle se trouvent les sites que nous étudions, a réalisé un musée dans un petit palais vénitien situé au centre de la ville. La totalité du rez-de-chaussée de cette nouvelle institution est consacrée aux découvertes réalisées sur la grande basilique, l’église Saint-Simon et l’ancienne agglomération de Guran ainsi que sur l’église Sainte-Cécile. La création de cet espace culturel témoigne d’une prise de conscience de la part des élus locaux et vient concrétiser les investissements, tant sur le plan financier que sur le plan humain, consentis dans l’archéologie.

Vue générale de l’extension des fouilles au nord de l’église Sainte-Cécile avec les différentes phases d’occupation du site.

Dégagement de la zone artisanale aménagée au Ve-VIe siècle dans une partie de l’établissement antique.

Travaux de conservation et de restauration des vestiges de l’église Saint-Simon et des anciennes voies d’accès.

Le site de l’église Saint-Simon et ses abords au terme des travaux de conservation et de restauration.

Campagne 2008
Au cours de cette dernière campagne de fouilles, nous nous sommes concentrés sur l’étude de deux sites: l’ancienne agglomération de Guran et l’église Sainte-Cécile avec l’habitat associé.

L’ancienne agglomération de Guran:
L’intervention de cette dernière campagne a été mise à profit pour approfondir l’étude des constructions mises en évidence au cours de l’année précédente, suite au dégagement superficiel que nous avions alors effectué sur une large zone située à l’intérieur de l’enceinte et au nord de l’agglomération.

Un vaste bâtiment constitué de deux ailes perpendiculaires a ainsi pu être identifié. La façade nord de cette construction épouse le tracé légèrement curviligne de l’enceinte et elle est édifiée à environ 50cm en retrait de cette dernière. La distribution intérieure présente une vaste pièce occupant toute l’aile ouest alors que l’aile nord est divisée en deux espaces, l’un de dimensions plus importantes à l’ouest et l’autre de dimensions plus modestes à l’est. Ces trois parties ne semblent pas communiquer entre elles et elles possèdent toutes une ouverture donnant sur un espace ouvert, une cour, délimité par les deus ailes. Les fouilles n’ont pas encore atteint les sols correspondant au niveau d’occupation de ces pièces et il est difficile, dans l’état actuel d’avancement des travaux, de dire si cette organisation résulte d’un programme initial. Par contre, des transformations ultérieures modifieront l’ordonnance des espaces ainsi que les circulations établies avec la cour.

La typologie des murs correspondant à la première phase de ce bâtiment est identique à celle de la petite construction qui avait été mise en évidence à proximité de la porte monumentale et qui avait alors été datée de la fin du haut Moyen Âge. Le matériel céramique récupéré dans les niveaux de comblement est similaire aux ensembles étudiés précédemment et il peut être daté du bas Moyen Âge. Il se pourrait bien que nous soyons en présence d’une unité domestique regroupant sous un même toit toutes les fonctions propres à un établissement rural, c’est-à-dire grange, écurie, cellier et logement. Dans un second temps, cette organisation sera modifiée et de nouvelles constructions seront réalisées dans les zones auparavant laissées libres entre les bâtiments.

En tenant compte des résultats obtenus à ce jour sur le site de l’ancienne agglomération de Guran, il semble possible de pouvoir situer l’époque de sa fondation vers la fin du haut Moyen Âge, peut-être au cours de la période carolingienne. Nous devons cependant rester prudent dans nos conclusions car, selon l’état actuel de nos recherches, seule une modeste partie de l’agglomération située plus particulièrement dans une zone périphérique attenante à son enceinte a été étudiée.

L’église Sainte-Cécile avec l’habitat associé:
Durant la campagne de terrain réalisée en 2008, les investigations archéologiques n’ont pas été reprises à l’intérieur de l’église et nous nous sommes concentrés sur le dégagement de la zone située au nord de l’édifice chrétien qui a révélé des vestiges correspondant à une construction antérieure.

Ainsi, le plan partiel d’un établissement peut être défini par un réseau de soubassements dont les maçonneries sont liées à l’aide d’un mortier orange. L’ensemble se prolonge au nord, en direction d’une grande citerne localisée à une vingtaine de mètres sous une épaisse couverture végétale. Une canalisation liée à cet établissement antérieur rejoint très certainement cette réserve d’eau. Le matériel céramique prélevé comporte quelques fragments de vaisselle de table associés à des éclats d’amphores qu’il faut attribuer à l’époque byzantine, plus précisément au VIe siècle. Une grande quantité de tessons appartenant à de la céramique culinaire vient enrichir ce lot. Son étude mise en perspective avec le matériel plus récent de l’agglomération de Guran permettra de compléter la typologie de cette céramique commune dont la chronologie est si délicate à mettre en place. Un mur appartenant à la construction de l’Antiquité tardive conserve encore son élévation sur cinq assises qui sont intégrées dans la façade septentrionale de l’église dont l’édification doit sans doute remonter à une période très ancienne.

L’édifice chrétien, ainsi que les constructions associées au nord, présentent plusieurs phases de transformations qui attestent la continuité de l’occupation du site au cours des siècles suivants. L’accumulation des sédiments à l’ouest constitue une stratigraphie intéressante dont la fouille fournira du matériel que l’on pourra associer à ces modifications successives. Plusieurs analyses radiocarbone d’échantillons sont en cours pour fournir les premiers éléments d’une chronologie absolue. Les résultats de ces travaux de laboratoire ne sont pas encore connus à ce jour.

Perspectives d’avenir:
L’étude parallèle de ces deux sites, qui diffèrent notamment quant à leur période de fondation, devrait fournir les éléments propices à une meilleure connaissance des modalités d’occupation de ce territoire durant les siècles de transition qui séparent l’Antiquité du Moyen Âge. Seule la poursuite des travaux sur le long terme permettra d’atteindre cet objectif et de fournir les éléments indispensables à une mise en valeur intelligente des vestiges. La réalisation d’un musée dans la ville proche de Vodnjan et d’un circuit archéologique organisé autour des sites dégagés est déjà en cours et elle est entièrement prise en charge par les instances croates.

Panneaux d’introduction à la salle consacrée aux fouilles des différents sites archéologiques de Guran qui est aménagée dans le nouveau musée de Vodnjan inauguré au printemps 2009.

Partie du musée consacrée aux fouilles archéologiques de Sainte-Cécile.

Unité d’habitation de l’ancienne agglomération de Guran mise au jour au cours de la campagne 2008 présentant deux ailes délimitant une cour.

Unité d’habitation de l’ancienne agglomération de Guran mise au jour au cours de la campagne 2008 présentant deux ailes délimitant une cour.

L’église Sainte-Cécile et les vestiges de l’établissement tardo-antique dégagés au nord de l’édifice chrétien en septembre 2008.

L’église Sainte-Cécile et les vestiges de l’établissement tardo-antique dégagés au nord de l’édifice chrétien en septembre 2008.

Fig. 12. Eglise Saint-Simon. L’enclos funéraire dégagé devant la façade occidentale de l’église.

Fig 13. Eglise St-Simon. Boucles de ceinture découvertes de part et d’autre du bassin d’un individu dont le squelette est particulièrement mal conservé.

Grabungskampagne 2007
Die Siedlungsreste von Guran und seiner Umgebung sind nun schon seit sechs Jahren Gegenstand archäologischer Grabungen, die sich mit der ländlichen Bevölkerung in der Übergangsphase zischen Antike und Mittelalter befassen. Die Forschungsarbeiten der Genfer Archäologen unter der Leitung von Dr. Jean Terrier umfassen alle Bestandteile der Siedlung, von der Pfarr- über die Begräbniskirche bis hin zur Befestigungsmauer und den Wohnhäusern. Nach Abschluss der Grabungen soll die gesamte Anlage als eine Art Freilichtmuseum für Besucher zugänglich gemacht werden. Im nahen Dorf Vodnjan ist jetzt schon ein Museum vorgesehen, wo die Ergebnisse der Forschungsarbeit präsentiert werden sollen.

Bei dieser sechsten Grabungskampagne wurden die Arbeiten an der kleinen Kirche Saint-Simon abgeschlossen. Mit der Untersuchung der Umgebung südlich des Heiligtums konnte die Entstehungsphase dieser Kirche in Bezug auf die damaligen Begräbnisse dokumentiert werden. Die Archäologen befassten sich ausführlich mit der Friedhofsmauer vor der Westfassade und konnten dort verschiedene Gräbertypen identifizieren. Dank einer Reihe von Radiocarbon-Analysen kann der früheste Bau einer einfachen Kirche dem Ende des 8. Jahrhunderts n. Chr. zugeordnet werden. Das Gebäude wurde im 11. Jahrhundert stark vergrössert. In der südlichen Mauer sind noch Teile des Vorgängerbaus enthalten.

Weitere Grabungen auf dem Gelände der alten Siedlung von Guran haben einen neuen Teil der Befestigungsmauer im Osten zutage gefördert. Gleichzeitig wurde das Gelände im Innern der Festung grossflächig abgeholzt. Bei der Freilegung dieser Zone kamen zahlreiche Mauerreste zum Vorschein. Tatsächlich handelte es sich um ein ganzes Wohnquartier bestehend aus mehreren aneinandergebauten Häusern. Genaue Datierungen ergaben, dass hier eine erste Besiedlung gegen Ende des späten Mittelalters stattgefunden haben muss. Hingegen wurden bisher keine Spuren entdeckt, die auf menschliche Behausungen während der Antike hinweisen könnten. Anhand der gefunden Keramikreste schliessen die Forscher darauf, dass die Siedlung wohl im 15. Jahrhundert verlassen wurde.

Auch an der etwa 500 Meter nordwestlich von Guran gelegenen Kirche Sainte-Cécile wurde weiter geforscht. Ihre Ruine befindet sich in der Nähe eines gleichnamigen Landwirtschaftsbetriebs. Mehrere Untersuchungen der Fundamente im Kirchenschiff ergaben mindestens vier verschiedene architektonische Entwicklungsphasen. Die Freilegung des Geländes rund um die Kirche brachte zudem mehrere Mauerreste zum Vorschein, die zu Anbauten gehörten. Die Archäologen entdeckten hier eine grosse Zahl behauener Steinblöcke, die auf eine Kirche aus dem karolingischen Zeitalter verweisen. Schliesslich wurde eine Reihe von Amphorenscherben gefunden, die vermuten lassen, dass diese Gegend – im Gegensatz zu Guran – seit der Antike bereits besiedelt war.

2008 sollen die Arbeiten sowohl auf Guran als auch an der Kirche Sainte-Cécile fortgesetzt werden. Die Archäologen wollen damit die Entwicklungsgeschichte dieser zwei offensichtlich unterschiedlichen Gemeinschaften präzisieren, die geografisch nah bei einander liegen.

Fig. 14. Eglise Saint-Simon. Un espace libre de toute inhumation est réservé le long de la façade de l’église pour permettre la circulation des personnes ou l’aménagement d’une banquette.

Fig. 15. Eglise St-Simon. Sépulture (T 25) dont les alignements de pierres visibles sur les bords de la fosse indiquent l’existence originelle d’un entourage de bois.

Fig. 1. Carte géographique de l’Istrie avec la position du site de l’ancienne agglomération de Guran localisée entre les villes actuelles de Vodnjan et Marcana.

Fig. 2. Localisation des sites sur un plan élaboré à partir des cadastres anciens (les plans schématiques des trois églises sont agrandis par rapport à l’échelle de la carte géographique afin de faciliter leur identification): 1. La grande basilique chrétienne à trois nefs, 2. L’église funéraire Saint-Simon, 3. Les ruines de l’ancienne agglomération de Guran, 4. La ferme actuelle de Guran, 5. L’église Sainte-Cécile, 6. La ferme actuelle de Sainte-Cécile.

Campagnes 2002 à 2006
Un projet de coopération scientifique est prévu à moyen terme en Croatie. Cette mission initiée en automne 2002 projette l’étude, la mise en valeur et la présentation d’un site archéologique exceptionnel localisé dans le sud de l’Istrie. Il s’agit de l’ancienne agglomération de Guran qui est isolée dans la campagne et comprend les ruines d’un village, d’une grande basilique chrétienne et d’une église funéraire abandonnés à la fin du Moyen Âge (fig. 1 et 2). Pour mener à bien ce projet, le Centre international de recherches sur l’Antiquité tardive et le Moyen Âge de l’Université de Zagreb ainsi que le Service pour la protection des monuments historiques de l’Istrie se sont associés à l’Université de Genève et au Service cantonal d’archéologie. Le financement des recherches sur le terrain est assuré en grande partie par la Fondation Suisse-Liechtenstein pour les recherches archéologiques à l’étranger (SLSA). Des apports ponctuels de la Société Académique de Genève et de la Fondation Ernst et Lucie Schmidheiny, toutes deux liées à l’Université de Genève, viennent compléter le budget. Les travaux de conservation et de mise en valeur sont majoritairement pris en charge par nos partenaires croates.

L’Istrie appartient à la zone adriatique où Rome et Constantinople ont toujours constitué les deux pôles de pouvoir entre lesquels les états et les populations oscillaient depuis l’Antiquité tardive. Vers la fin du 8e siècle, l’Istrie est conquise par les carolingiens puis intégrée dans le royaume franc qui imprimera alors son empreinte sur cette région. Dans le domaine de l’architecture religieuse, l’adoption d’un plan d’église à nef unique dotée de trois absides inscrites dans un chevet plat pourrait être rattachée à cette nouvelle sphère d’influence incluant la Suisse méridionale et orientale où les sanctuaires de ce type furent nombreux à l’époque carolingienne. Cette constatation illustre les liens privilégiés que les Grisons ou le Tessin ont toujours entretenus avec la zone adriatique, justifiant ainsi à plus forte raison une collaboration entre la Suisse et la Croatie pour développer ce programme scientifique.

Les dégagements entrepris à ce jour ont permis l’étude complète de la grande basilique chrétienne à trois nefs (fig. 3) tout en assurant les premiers travaux de consolidation et conservation de ses ruines. Cet édifice conserve encore un magnifique pavement constitué de grandes dalles dans le vaisseau central et d’un revêtement en opus spicatum (fig. 4) dans les bas-côtés. C’est sans doute dans le courant du 11e siècle qu’il faut situer sa construction.

L’église Saint-Simon a également été entièrement fouillée (fig. 5). Plusieurs phases de construction ont été mises en évidence dont la plus ancienne remonte à l’époque carolingienne (fig. 6). Il a été, par ailleurs, démontré que l’église actuelle n’était pas antérieure au 11e siècle. De nombreuses sépultures sont associées à ce sanctuaire qui correspond au cimetière de l’ancienne agglomération de Guran. Les travaux d’assainissement de l’édifice ont débuté en 2006.

L’ancienne agglomération de Guran à laquelle sont rattachées les deux églises décrites ci-dessus, fait l’objet d’une recherche étendue depuis maintenant trois années consécutives. Un vaste pan de son enceinte comprenant une porte monumentale ainsi que plusieurs constructions associées ont été dégagés et étudiés (fig. 7). En relation avec ces investigations, de nombreux objets de la vie quotidienne (fig. 8) ainsi qu’une grande quantité de céramique ont été mis au jour (fig. 9). Une étude systématique de ces éléments en relation avec des datations absolues obtenues par analyses au radiocarbone est en cours.

Dans l’état actuel des recherches, les origines de cette agglomération pourraient être attribuées à l’époque carolingienne.

Enfin, les vestiges de l’église Sainte-Cécile ont été dégagés à un peu plus de 500 mètres au nord-ouest de l’agglomération de Guran. Cette église est en fait liée à un habitat dont il faudra définir l’ampleur. Après deux campagnes d’investigations, l’ensemble de l’édifice chrétien (fig. 10) avec ses aménagements liturgiques, ses pavements et de nombreux blocs sculptés de grande qualité (fig. 11), a été mis au jour. L’église actuelle repose sur un édifice plus ancien. En outre, de nombreux fragments d’amphores et de tegulae ont également été récupérés. Toutes ces découvertes laissent augurer une origine ancienne de l’occupation à Sainte-Cécile dont la fondation pourrait remonter à l’Antiquité.

C’est donc un véritable projet lié à la problématique du peuplement d’un territoire que nous entreprenons dans cette région. Les résultats obtenus au fil des cinq premières campagnes de fouilles sont particulièrement prometteurs car ils permettront d’accéder progressivement à une meilleure connaissance de l’occupation de l’espace rural pour la période de transition qui va de l’Antiquité tardive au Moyen Âge. Cet aspect de la recherche qui prend en compte l’ensemble des composantes d’une agglomération – église paroissiale, église funéraire, enceinte fortifiée et habitat – est totalement novateur pour la période concernée en Croatie. Au plan scientifique, il s’agit de constituer un véritable cadre de référence.

Au cours des prochaines campagnes, il conviendra donc de poursuivre les investigations sur l’agglomération de Guran afin de préciser son extension ainsi que ses différentes phases de développement. Les deux églises associées à ce village nécessiteront encore plusieurs interventions, la grande basilique pour vérifier l’existence d’une phase antérieure et l’église Saint-Simon pour dégager les aires funéraires localisées à l’ouest et au sud de l’édifice. Enfin. L’église Sainte-Cécile et son environnement seront encore explorés car ils constituent un site qui, contrairement à l’agglomération de Guran, semble être occupé depuis l’Antiquité.

Ce projet est couplé avec un programme de conservation et de mise en valeur du patrimoine étudié. Les premiers travaux de consolidation sont déjà réalisés sur la grande basilique et ils sont en cours à Saint-Simon. Lorsque nos recherches seront terminées, l’ensemble des sites sera accessible au sein d’un parcours archéologique aménagé dans la campagne et un musée est d’ores et déjà prévu dans la ville de Vodnjan pour présenter le fruit de nos investigations.

Fig. 3. Les vestiges de la grande basilique chrétienne à trois nefs vus depuis l’ouest.

Fig. 4. Pavement en opus spicatum conservé dans les bas-côtés de la grande basilique.

Fig. 5. L’église Saint-Simon et son pavement vus depuis l’ouest.

Fig. 6. Relevé des murs de l’église Saint-Simon avec le plan de la petite église carolingienne dont les vestiges furent retrouvés sous son pavement.

Fig. 7. Les vestiges de l’ancienne agglomération de Guran avec son enceinte fortifiée.

Fig. 8. Quelques objets de la vie quotidienne au 12e-13e siècles.

Fig 9. Fragments de céramique correspondant à des pots à cuire des 12e-13e siècles.

Fig. 10. Les vestiges de l’église Sainte-Cécile vus depuis l’ouest.